L'Opéra de Paris
Gouverner une grande institution culturelle

Un livre de Philippe Agid
Jean-Claude Tarondeau

Contenu

Les modèles historiques

L'Opéra de Paris concédé, entre libéralisme et exigences de l'État
1831-1939

À une courte période près sous le Second Empire, l'État concède l'Opéra à un directeur entrepreneur pendant une durée de six ans. Moyennant une subvention dont le montant, fixe jusqu'à la fin des années 1920, dépasse rarement 20% du budget de l'institution, le directeur entrepreneur bénéficie seul ou assisté d'une société en commandite des résultats positifs de sa gestion, ou en assume les pertes. Le contrat de concession de l'Opéra est un modèle de clarté et de précision. Il fixe en particulier le nombre de spectacles, et le nombre de créations d'œuvres nouvelles auxquels le directeur est tenu, sous peine de sanctions, voire de retrait de la concession.

L'audience de l'Opéra demeure fondée sur le double attrait des spectacles de danse et des œuvres lyriques. L'Opéra est aussi le lieu social par excellence. L'ouverture du Palais Garnier en 1875, le plus beau monument moderne de son époque, rehausse encore son prestige social comme il contribue à l'attractivité de la capitale française. Les obligations de création d'œuvres nouvelles sont honorées. Pourtant, la programmation fait continûment ressortir le poids considérable d'un nombre d'œuvres limité. Ainsi entre 1875 et 1960, période allant au-delà de la concession qui prend fin après 1936, cinq œuvres de Gounod, Reyer et Saint Saens comptent pour près de 20% des levers de rideau.

Les résultats financiers de la concession sont financièrement équilibrés ou ont vocation à l'être jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale. Ils s'écroulent après 1918 sous le double effet de l'inflation et de la croissance des rémunérations alors constatées en France. Ni le montant de la subvention, réajusté au tournant des années 1920, ni l'engagement d'une large part de la fortune de Jacques Rouché, le dernier concessionnaire, ne suffisent à sauver ce mode de gestion.

Le directeur entrepreneur, est à la fois un gestionnaire de théâtre et un producteur de spectacles, et selon les termes d'aujourd'hui, un metteur en scène. Il dispose des pouvoirs de gestion nécessaires à l'accomplissement de son mandat. La concession définit ses obligations sur le terrain, changeant entre le début et la fin du XIXème siècle, des œuvres qu'il est en droit de représenter et de celles qui sont réservées à d'autres scènes lyriques. Le contrat de concession définit de façon de plus en plus précise les droits reconnus aux artistes et aux personnels permanents de l'Opéra ainsi que leurs statuts et leurs rémunérations.

Trois thèmes dominent le débat des Parlementaires sur l'Opéra à la fin du XIXème siècle : la subvention et son montant sont-ils justifiés, comment démocratiser l'Opéra, comment protéger et favoriser les compositeurs français ?

Le cabinet du directeur (Pedro Gailhard) en 1904
Le cabinet du Directeur (Pedro Gailhard) en 1904

Le plateau du Palais Garnier fin 19ème
Le plateau du Palais Garnier à la fin du XIXème siècle

Le grand foyer du Palais Garnier fin 19ème
Le grand foyer du Palais Garnier à la fin du XIXème siècle

Illustration de l'administration de l'Opéra
L'administration de l'Opéra National de Paris